vendredi 9 mai 2008

Un adieu manqué.

Cette nuit j’ai fait un rêve. J’étais encore en train de camionner mes objets de verre, un de ces vendredi de fou. Le topo ; je recherchais une adresse où que sais-je encore, et je ne retrouvais plus mon camion. À un moment arrêté de ma nuit douce, je voie un promeneur de chien, mon ancien patron, Jacques. Il l’a été pendant deux ans, de 71 à 73. Je vous apprends que cet ancien patron a aussi demeuré pendant un quart de siècle à l’arrière de chez-moi. Allez, un info, il est décédé d’un cancer fulgurant, voilà deux ans déjà. Je l’avais perdu de vue depuis son déménagement en 2004. Alors retournons à ce rêve. Il promenait son chien, et j’ai cessé de recherché mon camion, pour m’asseoir près de lui et jaser. Je lui trouvais un teint blafard. Le gaillard de deux mètres me semblait las et grave. Dans ma nuit rêvée, je dis : « comment ça va Jacques ? » Il s’assied muet, juste derrière lui, sur un banc laissé là, dans mon songe. Jacques me dit : « J’ai vu mon médecin, et il m’a dit que la maladie allait m’emporter. Pour le peu de temps qu’il me reste… » Il s’interrompt, me regarde comme un de ces molosses abattus avec des yeux penauds, réalisant la fatigue, le temps qui file et tout ce passé qu’il a aimé. Je lui lance attendri par l’instant : « Jacques, tu sais combien je t’aime, hein ? » Le mirage somnolent devenait tout à coup d’une réalité déconcertante. Mon élan d’émoi ne s’arrêtât pas là : « Tu sais Jacques, on va se revoir. Jacques, la mort c’est comme une nuit rêvée, et que, dès le lendemain, l'on retrouve ceux qu’on a aimé ». Les yeux du dormeur se sont ouverts et je me suis mis à cogiter sur certains souvenirs, comme. Les vendredi soir après le travail, il m’invitait dans sa grosse chevrolet. On passait une heure ou deux à parler, comme deux vieux amis. Jacques me piquait un brin de jasette, en me racontant des vieilles histoires en sirotant une bière. Il racontait des choses simples, des évènements ordinaires que je ne pouvais remettre en doute. Ah oui, comme sa première pipe qu’il avait acheté. Qu’il avait mis tant de mois à la payer. Mais aussi, une de ses premières livraisons, sous la première tempête de neige, dans le rang du Moulin, après avoir attelé le cheval à la calèche. Tout cela pour allez porter un chou et une dinde à la veille de Noël. Tout compte fait, le rêve que je venais de faire, me fait réaliser que je suis si près de lui par les souvenirs, que je n’ai nul besoin de sa présence pour apprécier sa bonhommie et ses gentillesses. Je conçois aussi que pour lui, j’étais comme un fils et lui, pour moi, comme un père, le temps d’une bière.

2 commentaires:

  1. Bonsoir Alain,
    je viens de lire le bel hommage que tu as écrit sur mon père qui me manque tant et tout comme toi, les soirs de rencontre familliale on se raconte les histoires que mon père nous racontait et les blagues qu'il nous contait avec tant de plaisir ce qui le rend présent avec nous durant ces veillées. Il ne se passe pas une semaine depuis déjà 1 ans 1/2 où quelqu'un ne me parle pas de lui. Je sais qu'il est près de toi,
    mais ne porte pas tes botte avec des étoiles au bout. N'oublie pas que pour moi tu es comme mon grand frère.

    Nadine
    xxxxx

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