dimanche 21 octobre 2007

Precarius.

Tous, un jour ou l’autre, nous avons prié nos parents, pour une permission, un passe-droit ou que sais-je encore. Cette prière incluait tout une mise en scène ; l’expression du visage, des yeux, le ton de la demande et l’insistance. Ce désir exprimé correspondait à la capacité des parents sinon, une explication plus ou moins courte s’ensuivait. Donc la prière évoque nos limites humaines et nos compétences. Je me remémore aussi les prières communes. De fait, mes frères et ma sœur priions unanimement nos parents, il leurs devenait très compliquer de nous refuser. La réponse s’accompagnait d’exigences ou d’une action à faire, rarement une routine ou une banalité.

Je constate mes limites et mon incapacité quotidiennement. Les moments de solitude, mes déceptions humaines et celles d’autrui m’instruisent encore aujourd’hui. En prenant de l’âge, je constate aussi que je laisserai derrière moi tout ce qui m’est cher et indispensable. Depuis peu, je le réalise encore plus fortement. Mes parents, d’un âge avancé, démontrent éloquemment la voie immuable toute tracée. En songeant plus souvent à la mort, je ne peux qu’accepter son avenue mais loin d’être triste. Un peu d’amertume certes mais sans plus. Je vous apprendrai malgré tout continuer d’espérer et de souhaiter le meilleur pour les miens. Que je le veuille ou non, je meublerai certains de leurs souvenirs.

Les êtres, que j’ai aimés et que j’ai connus, riront sans réelle méchanceté, de mes affres de verre ou bien de tomates, de mes omissions impardonnables et par moment dramatiques. Ils retiendront que je préférais la vie à l’inertie. Que comme tous les êtres humains, la majorité du moins, je veux exister et éloigner la fin inerte pourtant immuable. Ce désir profond de la lutte pour la longévité me fascine. La science moderne depuis une centaine d’années, améliore notre vie à tous et ajoute des années à la fatalité. Les sciences refusent d’abdiquer et cette course folle ne sera jamais freiner puisqu’elle est, telle la nature, créatrice.

Ce monde réel et pourvu d’intelligence ne m’empêchera pas cependant d’élaborer sur l’héritage de mes aïeux puisque je me souviens d’eux. Les dons intérieurs qu’ils m’ont légués de leurs existences retiennent toujours mon attention et je les cultive de mon mieux. Ils sont avant tout intérieurs. Le premier don, la foi que les choses qui adviennent ne sont jamais du hasard et qu’elle m’entraine ailleurs qu’ici. Le second don, les prières que la vie me lance suppose que je la reconnaisse comme si elles étaient les miennes. Les autres dons, la certitude de mes longévités intérieures par la prière de tous ceux qui m’ont précédé et par surcroît, que je porte en moi. Par moment, j’éprouve une sorte de communion avec eux car tous les miens, ici-bas ou de ce lieu que l’on nomme, d’en haut, m’interpellent pour me rendre ailleurs. Je me condamne jusqu’à mon dernier souffle à prier car je sais ses bienfaits éternels.

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